Depuis que je suis en freelance, je constate chaque jour combien il peut être facile de me laisser glisser dans la procrastination, la non-action ou la frénésie d’actions qui ne me font pas avancer. Et depuis la naissance de ma fille, à cela s’ajoute une routine quotidienne de travail / être avec ma fille / gérer les repas, le linge, le ménage etc / des soirées où je me sens vide et épuisée et où j’ai l’impression de ne pas pouvoir faire autre chose que de regarder des séries.
Ça pourrait ne pas être un problème, mais comme je me rends compte que ce plaisir à court-terme m’empêche de réaliser ce que je désire vraiment, que ce soit dans mon entreprise ou dans ma vie, ça en devient un.
Quand j’ai regardé le documentaire sur Orelsan je m’étais dit que peut-être, ce qui pouvait faire la différence entre quelqu’un qui réussit et moi c’était l’autodiscipline. Il est clair que je ne sais pas me discipliner moi-même. C’est pour ça qu’un paquet de chips ou de biscuits commencé est un paquet fini. C’est pour ça que je fais du sport 2 semaines puis j’arrête. C’est pour ça que les kilos s’accumulent, un à un, lentement, sur la balance.
Mais ok, je manque d’autodiscipline. Et une fois que j’en ai fait le constat, qu’est-ce que je fais ? C’est un peu le même constat que peut faire un collégien qui n’aime pas l’école. Ok, j’ai pas envie de bosser, et maintenant je fais quoi ?
Il y a peu de temps je suis tombée sur un article de Ez Bridgman, qui m’a paru éclairant sur l’importance du jeu dans la vie, des activités actives à motivation intrinsèques, donc que je VEUX faire. Pas celles que je pense que je dois faire, ou que quelqu’un m’a dit de faire, ou que je fais pour atteindre un résultat, et pas non plus celles où j’absorbe le contenu de quelqu’un d’autre. À l’école on développe de plus en plus la pédagogie dite active, pour que l’élève ressente cette motivation active intrinsèque et soit l’acteur de son apprentissage. Pour qu’il ressente le plaisir d’apprendre. Dans le BO spécial du 26 mars 2015 il est même précisé que « la mission principale de l’école maternelle est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité ». Donc renforcer leur motivation intrinsèque, qui « correspond à l’exercice d’une activité pour le plaisir et la satisfaction qu’on en retire » : la stimulation (le plaisir de l’activité elle-même) ; la connaissance (le plaisir de découvrir ou d’explorer de nouvelles choses) ; l’accomplissement (le plaisir de produire, d’accomplir ou de créer quelque chose). En opposition la motivation extrinsèque renvoie aux activités que l’on fait “pour se procurer quelque chose que l’on désire ou bien pour éviter quelque chose de désagréable”.
Déjà enfant j’étais passive à l’école. Je bavardais beaucoup, je m’ennuyais, j’attendais la fin des journées pour aller à l’école de musique, ou les vacances… Et aujourd’hui encore je me rends compte que je suis souvent dans une position passive. Dans mes loisirs préférés (les séries) comme dans mon travail. Rolland Viau, chercheur en pédagogie, a établi une liste de comportements causés par des problèmes de motivation (Rolland Viau, La motivation en contexte scolaire) :
– remettre son travail à plus tard
– avoir de la difficulté à se décider
– se fixer des buts inatteignables
– incapacité à se concentrer et à maintenir une attention
– ne plus gérer le matériel, ne plus s’organiser
– choisir la voie la plus facile et la plus rapide pour accomplir une activité
– croire que ses chances de succès sont réduites
– refuser d’essayer de faire une activité
– faire son travail rapidement et sans être attentif
– abandonner rapidement une activité et ne pas essayer de la faire une deuxième fois
– expliquer ses échecs par son incapacité de faire les travaux demandés
– expliquer ses échecs en jetant le blâme sur les autres
– prétendre avoir essayé de travailler mais n’avoir rien fait
– en cas d’échec, se punir soi-même.
Est-ce que vous vous reconnaissez ? Moi oui… Ça me paraît vraiment une bonne idée de remettre du jeu, de la légèreté dans ma vie. Je n’ai jamais besoin d’être motivée pour faire un jeu avec ma fille, c’est même plutôt moi qui suis en demande. Je n’ai jamais besoin de me forcer à me faire un tirage de tarot, ou à faire mon journal… Si je fais des choses qui me semblent amusantes et faciles, connectée à mon enfant intérieur et à ce qui me fait vraiment plaisir, alors ma vie devrait s’en trouver transformée… Vous allez essayer ?